Jean Trobec

Artiste Peintre - Portraits à l'huile - Regards sur le monde

Quoique fasse un enfant, que son œuvre exprime la peur, l’horreur ou l’angoisse, l’effet qu’elle produit sur le spectateur est toujours le même : la joie. L’œuvre d’un enfant ne manque jamais de nous provoquer, d’en appeler à nous, parce qu’elle est toujours honnête et sincère, toujours pénétrée et imprégnée de cette assurance quasi magique qui naît d’une approche directe et spontanée des objets.

Comme l’artiste doit parfois les envier ! Et comme il est parfois dangereusement près de leur ressembler dans sa conduite et sa pensée ! La meilleure façon de tuer un artiste est sûrement de lui donner tout ce dont il a besoin. Matériellement, il lui faut peu. Ce qu’on ne lui donne jamais assez, c’est l’appréciation sympathique, les encouragements, la compréhension. J’ai vu des peintres donner leur œuvre préférée sous l’impulsion d’un moment, parfois pour un peu d’amour, et parfois sans raison aucune, simplement parce qu’il leur plaisait d’agir ainsi. Et j’ai vu les mêmes hommes refuser de vendre un tableau aimé quel que soit le prix offert. Je crois sincèrement que l’artiste véritable préfère toujours donner son œuvre et non la vendre. Un bon artiste doit avoir un peu de folie en lui, si l’on entend par folie une incapacité exagérée à s’adapter. L’individu qui peut s’adapter à notre monde démentiel est ou bien un homme insignifiant ou bien un sage. Dans le premier cas il est immunisé contre l’art, et dans le second, il est au-delà de lui.

Extraits : Henri MILLER